I) L'HISTOIRE DE L'APARTHEID

 

        a) la particularité du peuplement de l'Afrique du Sud

 

          « L’apartheid est le produit de l’Histoire, des mythes et des singularités de l’Afrique du Sud ». 

             La population blanche sud africaine est essentielement composée d'immigrants européens qui sont arrivés au XVIIe siècle pour peupler l’Afrique du Sud. Certains ont récusé leurs racines européennes (néerlandaises, allemandes et française) en manifestant leur leur opposition à la « métropole coloniale néerlandaise, alors que d'autres, les colons britanniques, sont restés  attachés à leur patrie au XIXe siècle. Ce peuplement aboutira par la suite à un nationalisme afrikaner.

             Au XVIIe siècle, le mot Afrikaander désignait les indigènes. Au début du XVIIIe, on a employé le terme Afrikaner pour parler des colons blancs nés en Afrique du Sud et les différencier ainsi des immigrants nés en Europe.

 Au XIXe siècle, le terme désignait les Sud-Africains de descendance hollandaise, tandis que Boer (« paysan » en hollandais) était réservé aux Afrikaners des républiques boers : l'État libre d'Orange et la République sud-africaine (le Transvaal).

 Au XXe siècle, alors qu'une grande partie de la population s'était installée dans les villes, le mot Boer finit par disparaître pour laisser place à nouveau à celui d'Afrikaner. » (Encyclopédie Hachette).

 Les Afrikaners (littéralement les « Africains » en afrikaans) sont les descendants des premiers Hollandais arrivés dans la région du Cap au XVIIe siècle et des Allemands qui les ont suivis. Ils ont été rejoints par quelques centaines de familles françaises huguenotes chassées par la révocation de l’Édit de Nantes (les premiers huguenots sont arrivés au Cap en 1688). Tous sont calvinistes et n’ont plus de relations avec leur métropole respective depuis environs deux siècles (pour les Hollandais, depuis que la Hollande a vendu sa colonie du Cap à l’Angleterre en 1814). 

 Au XIXe, sous domination anglaise, ils n’étaient que des Boers (paysan en hollandais, un terme qui deviendra péjoratif) supportant mal la tutelle de Londres. En 1835, refusant l’abolition de l’esclavage ordonné par le gouvernement anglais en 1833, ils ont massivement émigré (le Grand Trek) vers l’intérieur du pays où ils se sont heurtés aux populations bantoues. 

 Après avoir vaincu ces derniers, les voortrekkers ont fondé l’État libre d’Orange (1854) et la république du Transvaal(1852).

 Un demi-siècle plus tard, pour prendre le contrôle de ces deux républiques, les Anglais ont déclenché la terrible guerre des Boers (1899-1902) qui failli bien faire disparaître le peuple Boer. Pour l’occasion Londres créa les premiers camps de concentration de l’histoire où étaient enfermés les familles des combattants Boers et leurs esclaves noirs. Le nombre de mort fut considérable pour la population de l’époque. Les survivants se considèrent comme des miraculés de l’Histoire et construisent toute une mythologie où le peuple afrikaners (c’est ainsi qu’on les appelle désormais) se perçoit à l’image des Hébreux, comme un peuple élu de Dieu, devant se défendre un fusil dans une main, une bible dans l’autre.

 Ayant fait la paix avec les Anglais, leur nouvel ennemi désigné est la majorité noire de la population. Pour éviter de la voir prendre sa place dans le pays, ils en mettent en place la ségrégation, puis l’apartheid (1949). Les Afrikaners représentent environ 60 % de la population blanche quand l’Afrique du Sud est devenue indépendante (en 1934) ils ont assez vite, par le jeu d’une « démocratie » réservée aux seuls Blancs, pris en main les rênes du pays. C’est ainsi que 8 % de la population a dirigé l’Afrique du Sud sans partage de 1948 à 1994. Les autres blancs, dit anglophones, (appelés aussi Uitlanders, « étrangers » par les Afrikaners) représentent un peu plus de deux millions de personnes. Ils descendent des Britanniques arrivés au XIXe siècle, des populations d’Europe centrale (Hongrie...) ou orientale (Lituanie...), notamment des juifs, qui sont arrivées à la fin du siècle et au cours du suivant. Puis, plus récemment de Grecs (aujourd’hui 90 000) ou de Portugais d’Afrique fuyant la décolonisation (200 à 600 000 selon les estimations.

 

FAMILLE DE BOERS

COMMANDO AFRIKAANER

 AFRIKAANER

 

  b) la mise en place de l'Apartheid

 


 

          L’Afrique  du sud est un pays riche, son sous-sol regorge d’or, de diamants….. De tout temps, il suscite la convoitise de chacun : anglais, hollandais... Tous se sont succédés sur ces terres, réduisant en esclavage les populations natives et s’appropriant les biens !

Tout  commence le 6 avril 1652, lorsque 3 navires de la Compagnie des Indes Orientales mouillent dans la baie de la table : là se noue le destin tragique de ce pays ! Ce sont les Hollandais qui, ayant évincé les Portugais, se déclarent maîtres de l’Afrique du sud. Les guerres, Hollandais contre Afrikaans*, commencent mais les natifs ne possèdent pas la puissance militaire de leurs adversaires et perdent peu à peu. Cependant en 1795 une crise entre les Boers* et la Compagnie des Indes se déclare ; l’Angleterre en profite  pour tenter de s’approprier le territoire.

 En 1806 l’Angleterre devient maître de l’Afrique du sud suite à une bataille contre les Hollandais ; certains partent,  en revanche les boers*, eux, décident de rester. Enfin, en 1833 l’esclavage est aboli, mais à quoi bon ? L’Afrique du Sud devient aussitôt une colonie anglaise et comme dans toute colonie anglaise, le travail forcé est instauré. Cela ne fait pas l’unanimité : de 1836 à 1837 plus de 14 000 boers quittent la colonie du Cap avec leurs domestiques et ils réclament leur indépendance !  Les boers de réfugient à Orange ou encore au Transvaal ! En 1854, Orange est libre : les réfugiés ont réussi  à conquérir leur indépendance.  Toutefois, l’hostilité reprend de plus belle en 1869,  lorsque qu’un magnifique diamant est retrouvé dans la vallée du Vaal : la frénésie gagne, chacun veut sa part, chacun veut être riche !  La quête de l’or accroît l’appétit des anglais qui en viennent  aux armes avec  les boers !

Le 10 janvier  1879 la guerre est déclarée ! Au début,  les britanniques enchaînent défaites sur défaites. Ce n’est qu’en mars 1879 que l’empire  met toutes sa puissance dans la bataille et oblige ses adversaires  à se réfugier  au Transvaal : les boers perdent la guerre… En 1880 l’armistice est  signé, c’est la fin du premier affrontement. Mais ce n’est pas terminé !  La frénésie de l’or n’a pas fini de frapper : en 1884,  on découvre que le Witwatersrand est le plus grand gisement d’or. Les hostilités reprennent, les 2 peuples  veulent s’approprier cette énorme mine d’or, cette gigantesque richesse… dès 1890, ils se préparent à l’affrontement. Les boers réfugiés dans la région de Transvaal et d’Orange déclarent la guerre à l’Angleterre en 1900.  Les britanniques enchaînent les défaites, comme lors de la première guerre, mais les boers n’étant pas assez organisés ne savent pas comment exploiter cet avantage de taille. De ce fait,  dès février 1900 l’Angleterre contre-attaque et gagne du terrain ;  mais pour les boers, perdre cette guerre comme la dernière fois, est inimaginable. Dès lors,  ils se battent en envoyant également au combat leurs domestiques, en bombardant les anglais… ainsi, en juin 1900, les boers reprennent le contrôle : l’Afrique du sud est libre, les boers ont gagné la guerre !

A partir de 1904 la haine envers les anglais s’apaise et ainsi ils travaillent en association avec les boers pour exploiter les mines.

D’un point de vue politique, les choses changent aussi, en 1904 : un parti ségrégationniste voit le jour, et nous sommes déjà en marche vers l’apartheid. La création de ce parti générent bien évidemment de grosses tensions entre les natifs et les blancs mais aussi avec toutes les autres races  vivant en Afrique du Sud. Par exemple,  les Indiens seront victimes d’une série de lois les incitant à quitter ce pays !

1906, la première guerre entre boers et afrikaners commence, mais ne pourra pas se finir car elle est rattrapée par une autre, encore plus grosse : la première guerre mondiale.  Les noirs et les blancs se battent côte à côte, égaux sur les champs de bataille. Les 2 peuples subissent tous deux de lourdes pertes, aussi bien financières qu’humaines. Cependant, les rivalités ne cessent pas et reprennent de plus belle une fois la guerre finie.  La crise de l’or en 1920 n’arrange rien : celle-ci génère une énorme vague de chômage et le pays fait faillite…

En 25 ans, de 1911 à 1936, les gouvernements se succèdent à la tète de l’union élaborant de grandes lois ségrégationnistes qui seront la base de l’apartheid. En 1911,  les autorités mettent au point la politique de « la main-d’œuvre civilisée ». Elle interdit aux Africains l’accès aux emplois qualifiés dans les mines et l’industrie : ces postes ne sont désormais réservés qu’aux  blancs ! Cette barrière de couleur  est étendue, jusqu’en 1926, à l’ensemble de l’économie ; les noirs voient également leurs salaires fortement baisser ! En 1936, on supprime le droit de vote aux Afrikaners, ce qui abolit tout espoir de liberté…L’apartheid est donc mis en place en 1948.

 


                           

                           c) le concept


          Cette politique de ségrégation raciale détermine une façon de vivre pour chaque individu par une classification strictement appliquée. Cette classification divise la population sud-africaine en quatre groupes distincts : les blancs, les noirs, les métis et autres ethnies (asiatiques, indiens, etc.). Ces groupes se voient infliger un mode de vie bien défini. Les lois détermine un lieu de résidence pour chaque groupe, un type d’enseignement ainsi que la profession qu’il peut exercer. De cette façon, les noirs sont écartés des emplois prestigieux ainsi que de la politique et du gouvernement. Les contacts entre les différents groupes sont prohibés. Les citoyens qui s’opposent à l’Apartheid sont considérés communistes. De plus, la sévérité des lois relatives à la sécurité publique font de l’Afrique du Sud un état policier.
Un aspect de la discrimination : « la mortalité infantile passait de 9 % des naissances dans les familles blanches à 80 % dans les foyers noirs ce qui était très injuste. Pour un élève blanc, l’école était gratuite et obligatoire. Par contre, un élève noir, devait payer ses livres, ses fournitures, la construction du bâtiment, le salaire des professeurs ou les frais d’entretien ! » (extrait du site Paris les Jeunes)
En 1948, le Parti national, grand vainqueur des élections législatives blanches (les Noirs n'ont pas le droit de vote), instaure la politique du "développement séparé des races". Cette doctrine entérine un état de fait en le dotant d'une légitimité juridique. Peu après, le gouvernement nationaliste du Dr Malan étend en 1949 l'apartheid aux Indiens, élargissant à leur effet, ainsi qu'aux métis, la loi de 1927.
Au cours des années 1950, le gouvernement fait adopter une nouvelle série de mesures discriminatoires. Ainsi, en 1952, le Native Act n° 67 impose à tous les Noirs âgés de 16 ans et plus de porter sur eux en permanence un pass book (laissez-passer) contenant leurs pièces d'identité et un certificat d'origine tribale. En 1953, le Bantu Labour Act interdit aux Africains de faire grève et de se syndiquer. C'est ensuite, en 1956, l'Industrial Conciliation Act qui interdit les syndicats ouvriers mixtes. Répondant au souci de pousser encore plus loin la ségrégation raciale, le Promotion of Bantu Self-Government Act permet au Premier ministre H.F. Verwoerd de créer dix "nations noires" artificielles, ou bantoustans.
Sous le mandat de H.F. Verwoerd (1958-1961), le Parlement adopte une loi favorisant l'autodétermination bantoue, projetant l'indépendance des dix bantoustans africains. Ceux-ci sont alors surpeuplés (74 % de la population noire), fragmentés et dotés de ressources limitées. Une révolte des Noirs contre le système des passeports intérieurs en 1960 est réprimée dans le sang et débouche sur le massacre de Sharpeville. (…)
Entre-temps, l'Union sud-africaine, à la suite de la condamnation de l'apartheid par le Commonwealth, s'était retirée de cette organisation. La république d'Afrique du Sud fut proclamée le 31 mai 1961. Neuf millions de Noirs, appartenant aux groupes ethniques associés aux bantoustans, perdirent la citoyenneté sud-africaine. En 1964, le Bantu Law Amendment Act privait les Africains de leurs droits en dehors des bantoustans et, en 1968, l'interdiction des mariages mixtes s'étendit jusqu'à l'invalidation de ceux contractés à l'étranger. De violentes émeutes eurent lieu en 1976 à Soweto et dans d'autres townships (banlieues ouvrières noires), qui provoquèrent la mort de 400 personnes. La même année, le Transkei fut le premier bantoustan à accéder à l'indépendance, suivi du Bophutatswana (1977) et du Ciskei (1980). Ces bantoustans ne furent jamais reconnus par l'ONU. 


 

 

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